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30 avr. 2019

Comment la blockchain permet aux entreprises de mutualiser leur réseau logistique ?

Alors que les réseaux logistiques sont de plus en plus fragmentés avec une atomisation des flux, une multiplicité d’acteurs et une exigence en matière d'obligation de résultats (qualité et délais), l'optimisation des coûts reste plus que jamais nécessaires.

Or, les e-commerçants, animés par la volonté de solutionner les irritants de l'expérience client lors de la livraison, recourent désormais quasi-systématiquement à des emballages surdimensionnés. Un excès de précaution qui représente un coût économique important. Celui-ci pourrait pourtant être dilué en misant sur la mutualisation des supply chains.

Si la démarche séduit fortement les responsables supply chain (70%), elle peine à convaincre les dirigeants (30%) comme en témoigne la dernière étude DS Smith Packaging. En effet, l’appréhension au vue de la perte du contrôle exclusif de gestion de ses biens ou du risque de divulgation de données confidentielles est naturelle. Et c’est justement sur ce point que la blockchain, cette grande incomprise, peut apporter une réponse adaptée et sécurisée.

Des réseaux logistiques croulant sous les emballages

Dans le cadre de son étude “la Supply chain 4.0 sera flexible”, JLL met en exergue l’intensité croissante de la logistique au sein de l’économie : le transport de marchandises progresse de 2,1 % par an sur le territoire français et le parc des entrepôts logistiques de 2,5 % par an.

En raison de contraintes logistiques, comme de standardisation des règles de conditionnement, les emballages sont souvent surdimensionnés. Le vide est alors comblé par des coussins d’air, du papier ou du polystyrène. Cette façon de procéder entraîne le sous-remplissage des flottes de transporteurs.

Face à ce constat, DS Smith Packaging s’est penché sur la place du vide en logistique. Il en ressort que l’e-commerce est le secteur qui gaspille le plus d’espace disponible dans ses colis. Ainsi, si le taux moyen de vide des conteneurs maritimes tombe à 24%, celui des colis issus du circuit e-commerce représenterait 43%. Ce chiffre fluctue en fonction du type de produit, allant jusqu’à dépasser les 60% du volume des emballages pour le verre.

A l’échelle de l’Europe où 4,2 milliards de colis e-commerce sont recensés, ce sont près de 2 milliards de colis qui transportent du vide. Au niveau mondial, le gaspillage résultant des conditionnements surdimensionnés représente un coût économique de 46 milliards de dollars. En outre, il représente un gouffre environnemental. Ainsi, dans le transport maritime, les émissions annuelles de dioxyde de carbone liées au transport du vide dans les conteneurs, acheminés des sites de fabrication jusqu’aux ports représentent 122 millions de tonnes, l’équivalent, en termes d'émissions de CO2, d’un pays comme la Belgique.

Le transport de marchandises offre ainsi de réels gisements de productivité et d’optimisation.

La mutualisation des réseaux : un atout économique autant qu’environnemental

Face aux défis logistiques à relever, l’heure est à une supply chain étendue ou collaborative, ce qui implique la mise en place de stratégies de collaboration logistique impliquant l’entreprise et ses partenaires dans la recherche d’une même efficience.

Le partage de ressources entre plusieurs entreprises, aussi dénommé : “mutualisation de la chaîne logistique”, reste un moyen efficace permettant d’obtenir le même service pour un prix plus compétitif. Il concerne la mutualisation des moyens de transport, de logistique et de fret.

Il peut concerner le partage d’entrepôts, comme c’est le cas avec FM Logistics qui déploie des entrepôts “multi-clients” entreposant des produits issus d’entreprises oeuvrant dans l’alimentaire, la distribution, les produits de grande consommation et les parfums et cosmétiques. Une telle pratique permet alors de décupler l’espace d’entreposage et de réaliser des économies d’échelles.

Il peut aussi concerner le partage de camion appelé aussi “co-transportage”. Là, le groupage de marchandises sert l’optimisation des déplacements du transporteur. Il introduit une relation gagnant-gagnant entre le transporteur et le responsable logistique. Ce pooling de transport et de logistique permet d’accroître la fréquence d’enlèvement ou de livraison pour accroître la qualité du service rendu au client.

Cette mutualisation permet d’économiser plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Pourtant, cette démarche peine à convaincre les dirigeants d’entreprise. On recense ainsi, comme principaux freins, la crainte d’une perte du contrôle exclusif sur leurs marchandises avec le risque de voir celles-ci être égarées par l’entreprise partenaire, voire dérobée. L’autre élément dissuasif reste le risque de divulgation de données confidentielles. Les entreprises optant pour la mutualisation de leur supply chain ne sont pas prêtes à accorder à leurs partenaire l’accès exhaustif à leurs données clients ou à leurs inventaires. Pour que le système fonctionne, il faudrait que chaque acteur conserve son droit d’accès à ses propres données sans en être dépossédé et sans les confier à un tiers de confiance. Or, c’est justement ce que permet la blockchain.

La blockchain : un outil de mise en oeuvre préférentiel de la mutualisation des supply chains

Rapprocher des réseaux logistiques fragmentés et permettre une optimisation des moyens à disposition représente donc un enjeu de premier ordre pour le secteur de la supply chain.

La blockchain offre une solution de choix face à l’opacité des réseaux logistiques étendus. En responsabilisant l’ensemble des acteurs de la supply chain au moyen de son tracker de responsabilité numérique, la startup Ownest offre une visibilité globale des transferts de marchandises sur les seconds et troisièmes échelons de la supply chain.

Par l’inscription de l’historique du parcours d’une marchandise qu’elle implique, la blockchain permet de réduire fortement les fraudes et les erreurs, ainsi que les délais de transit et d’expédition. En outre, par la nature numérique de son traitement de l’information, elle permet de diminuer les coûts administratifs. De plus, le processus repose encore en grande partie sur la vérification manuelle des papiers. Si un document vient à manquer lors d’une étape du processus, c’est tout un conteneur qui se retrouve immobilisé pour une durée indéterminée, entraînant un surcoût inutile.

C’est ainsi que Blockchain Partner en est venu à la conclusion, que le recours à la blockchain dans le transport maritime international permettrait de réaliser une économie de l’ordre de 20% de son coût total. Ownest explique également que la mutualisation des supply chain permet aux logisticiens de réaliser des économies d’échelles. Les blockchains ouvertes (et publiques) sur lesquelles repose leur solution de traçabilité offre l’avantage de disposer d’un aspect de privatisation des données tout en les sécurisant.

Il est devenu évident que plus on remonte les maillons de la supply chain, plus le nombre de sous-traitants est important, moins la traçabilité est garantie et plus il est compliqué de collecter des informations fiables. La blockchain est à même de répondre à cette problématique et à l’intensité croissante des réseaux logistiques. En effet, en organisant un consensus qui garantie l’authenticité des données, la blockchain génère une réelle traçabilité sur l’ensemble des supply chains.

Elle offre ainsi une visualisation concrète des dispatchs de marchandises et permet aux transporteurs d’avoir une visibilité temps réel sur leur inventaire.

Grâce à la technologie décentralisée et au protocole de sécurisation des blockchain ouvertes, ni l’entreprise A ni l’entreprise B ne peuvent falsifier ou modifier des données : on entre alors dans une logique vertueuse rétablissant la confiance entre acteurs aux intérêts divergents.

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