La blockchain sauvera-t-elle l’humanité du dérèglement climatique ? La question mérite d’être posée.
Registre décentralisé permettant de réaliser des transferts de valeur de façon sécurisée, la blockchain est aussi une solution sérieusement évoquée par l’industrie de la mode pour enrayer le gaspillage grâce à la traçabilité temps réel (produits finis et matières premières) qu’elle procure. Vecteur d’une chaîne de valeur plus responsable, elle permet d’optimiser les flottes de transporteurs en luttant contre les chargements à vide et en facilitant le partage d’informations et de moyens au travers de sa promesse d’interopérabilité.
Pourtant la blockchain est loin d’être perçue comme l’alternative écologique idéale. Son caractère “énergivore” amenant à la déduction qu’elle serait la technologie la plus polluante de l’histoire, mériterait de figurer dans notre liste des 5 préjugés persistants à son encontre.
Il existe néanmoins une solution radicale à opposer à ses détracteurs : l’unicité numérique.
Nous allons vous montrer que ce mécanisme, permis par la blockchain, permet de diminuer drastiquement l’empreinte carbone des participants, tout en optimisant les mécanismes de transports, notamment avec l’interopérabilité.
La blockchain est-elle vraiment le gouffre énergétique tant décrié ?
C’est un fait : le protocole de Preuve de Travail (Proof-of-Work) de la blockchain consomme beaucoup d’énergie. Ainsi le réseau du bitcoin consommerait chaque année 32,6 terawatt/heure (TWH), soit l’équivalent de l’Irlande et de l’Estonie réunies. D’après Digiconomist (décrié par la communauté), le protocole Bitcoin aurait consommé en 2017, l’équivalent de la consommation annuelle de la Bulgarie. Or, en 2013, internet consommait l’équivalent de 30 centrales nucléaires.
Après ce constat, il faut le comparer avec l’envoi d’emails annonçant l’imminence d’une réunion. Le même message est envoyé plus d’une dizaine de fois afin d’accroitre l’impact et le taux de rebond. Chaque message dispose de 3 niveaux de duplication lesquels sont finalement stockés pendant 10 à 20 ans sur des serveurs externes.
D’après l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise d’Energie), internet a un impact plus important que le trafic aérien. D’ici 2020, le numérique sera responsable de 4% des gaz à effet de serre (GES) en Europe. L’essentiel des gaz proviennent, quant à eux, des logements, des transports et de l’alimentation.
Néanmoins, il convient de ne pas confondre l’impact énergétique et l’empreinte écologique. Or, l’essentiel des reproches faits contre la blockchain, et a fortiori bitcoin, concernent l’impact énergétique de l’activité de minage et la puissance nécessaire à ses nombreux calculateurs. Plus précisément, c’est le système de validation du protocole de minage lié aux crypto-monnaies (le Proof-of-Work) qui est jugé polluant : l’ordinateur ajuste la difficulté des problèmes à résoudre en fonction du pouvoir de calcul du réseau. Il s’agit de l’algorithme historique pour valider une transaction et produire de nouveaux blocs. Les mineurs se retrouvent alors en concurrence pour être les premiers à finaliser un bloc de transactions et être récompensés.
Or, ce qu’il faut prendre en compte pour mesurer l’impact écologique, c’est le moyen de production d’électricité utilisé. En effet, la consommation de bitcoins demeure évolutive.
En outre, d’après le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la technologie blockchain peut contribuer à l’atteinte des 17 objectifs de développement durable, notamment mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et autonomiser les femmes et les hommes d’ici à 2030.
L’Unicité numérique, la solution écologique capable de faire consensus
Le concept de l’unicité numérique consiste à dire qu’un document peut exister sans avoir à disposer d’une multiplicité d’exemplaires. Toute donnée est alors mise à jour grâce à une seule clé privée.
Comme le fait remarquer Clément Bergé-Lefranc: “Quand vous organisez une réunion avec une vingtaine de personnes en copie et qu’en plus vous avez eu la bonne idée d’envoyer en pièce jointe votre présentation Powerpoint, vous générez une véritable bombe écologique sans commune mesure avec la pollution générée par la blockchain.”
Permettre l’accès à un document via une seule clé privée permet de limiter la consommation d’énergie tout en sécurisant l’accès à des données confidentielles.
Vers une optimisation du mécanisme de transport
La blockchain représente un vecteur écologique colossal, que ce soit par les transactions numérisées ou via le transfert de responsabilités qui permet de ne plus jamais égarer un bien ou une marchandise.
Les mécanismes de minage basés sur le Proof-of-Work, sont potentiellement remplaçables par des alternatives moins énergivores telle que le mécanisme de consensus par Proof-of-Stake. Ici la sélection du miner se fait de manière aléatoire tout en étant pondéré par la quantité de crypto-monnaies à disposition.
La blockchain permet de faire enfin l’impasse sur des systèmes de validation manuels nécessitant quantité de rapports et autres documents papiers, l’ensemble des transactions étant numérisé et consultable à tout moment.
D’une autre part, certifier le transfert des responsabilités permet de lutter efficacement contre les pertes de marchandises de valeur ou de supports réutilisables. Un risque élevé pour les e-commerçants face à l’augmentation des retours de colis.
Cela a d’abord pour effet de fluidifier la supply chain et donc de permettre au logisticien de se prémunir de tout risque de paralysie du réseau et donc de la flotte qui entraînerait retard et insatisfaction chez le client final. En outre, la blockchain permet de solutionner la problématique récurrente des colis non livrés malgré la présence du destinataire et de la mobilisation de modes de transports polluants inhérents (dont un rejet excédentaire de gaz toxiques et de CO2 ). La blockchain permet alors de lutter contre la surconsommation et ainsi diminuer l’impact environnemental de la chaine logistique. De plus, l’amélioration induite par le développement de la technologie permet d’optimiser les tournées de livraison et d’éviter les chargements à vide.
En conclusion, la blockchain sait se mettre au service de l’écologie mondiale. Face à des consommateurs finaux eco-vigilants, proposer une supply chain plus verte, permettra aux logisticiens de valoriser l’identité de leur entreprise en donnant à voir une image plus citoyenne et responsable et ainsi agir positivement sur la confiance, le nerf de la guerre de la technologie blockchain en somme.